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Seiyoucha
28 novembre 2007

Satsuma-yaki : 1 - Histoire

Pour commencer la rubrique "yakimono" consacrée à la céramique, je reste sur le thème Satsuma. Cette semaine, je vous propose de parcourir l'histoire de ce style particulier, à l'ornementation colorée et luxueuse.
Satsuma est le nom d'une ancienne province du Japon, au sud de Kyûshû, qui fut réunie avec la province d'Osumi pour former l'actuelle préfecture de Kagoshima.

Les origines 

province_satsuma
Province historique
de Satsuma

Au XVIe siècle, Yoshihiro, 17e dirigeant du clan Shimazu et Daimyo de la province de Satsuma au sud de Kyûshû, revient de la campagne de Corée (1592-1598) en ramenant 80 potiers coréens. Ces derniers établirent des fours à Kagoshima, Kaseda, Kushikino,et Ichiki. A cette époque, les objets coréens étaient tenus en très haute estime par les amateurs de thé, aussi Shimazu espérait-il ainsi améliorer l'économie de sa province.

Pris dans les méandres politiques de la succession de Toyotomi Hideyoshi, Shimazu apporte finalement peu de soutien à ses potiers. Il invite cependant Kim He, le potier coréen le plus apprécié, à établir un four appelé "Uto" près de son château de Chôsa. Kim He produit des bols de qualité, mais ses chaire sont jugés insuffisant. Il est donc envoyé en formation à Seto pendant 5 ans. A son retour en 1608, Yoshihiro s'est établi à Kajiki, aussi Kim He le suit-il et construit un nouveau four, Osato. Il y travaillera pendant 12 ans, jusqu'à la mort de Yoshihiro. Il y a produit aussi bien des bols et des chaire pour le chanoyu que des ustensiles utilitaires, tels que jarres et vases.

SatsumaYaki
Production contemporaine
de Satsuma

Sa production comprend dès le début les prémisses de KuroSatsuma et ShiroSatsuma. Ses chaire à glaçure ferrugineuse (donc sombre) ressemblent au style Oribe ou à la production de Seto. Il utilise généralement plusieurs couches de glaçure noire, brune ou parfois blanche, mais opaque et sèche. Ses production à glaçures claires à base de cendre sont jaune très pâle, et cuites en oxydation. Appelée "habaraki-de", ce qui signifie "seulement cuit", elles étaient vraisemblablement faites à partir d'une argile blanche importée de Corée, dont on a retrouvé des stocks près du four Uto.

Iehisa, le fils de Yoshihiro, établit la capitale du clan à Kagoshima en 1620. le four d'Osato est alors abandonné au profit d'un nouveau four, Tateno. Kim He meurt peu de temps après, mais ses fils prennent la relève. Ils lancent aussi la production de porcelaine dans le style d'Arita, à partir d'argile en provenance d'Izumiyama, près d'Arita.

Le développement du style

En 1620, des potiers découvrent une argile blanche près de Naeshirogawa, au village de Narukawa. La découverte d'argile blanche à Satsuma permet de continuer la production de ShiroSatsuma sans recourir à l'argile coréenne. Le four de Naeshirogawa existe toujours aujourd'hui (village de Miyama).

Ninsei___iroeyoshino
Ninsei
© Fukuoka Art Museum

En 1648, un potier travaillant à Tateno et appelé Wan'emon part se former Kyôto, au four d'Omuro (le four de Nonomura Ninsei, père du style Kyô-yaki). Il en rapporte la technique des émaux polychromes sur couverte, qui permet à Satsuma de commencer à produire des pièces de style "nishiki-e" ("brocart").

En 1667, le four de Ryûmonji est établi. Il utilise une pierre blanche locale dans la composition de sa couverte caractéristique, appelée "dakatsu" (peau de serpent).

La production se développe rapidement, et aboutit à un foisonnement de styles individuels dont certains se sont perpétués jusqu'à nos jours.

A la fin du 17e siècle, on comptera aussi Genryûin et Nishimochidai parmi les principaux centres de production. Au total, on recence 6 fours à Hirasa Sarayama, 1 à Kushikino, 8 à Naeshirogawa, 10 à Kagoshima et 14 au site d'origine, près de Chôsa.

En 1793, Satsuma envoie des potiers dans tout le Japon pour étudier d'autres techniques. Une fois encore, ils ramènent de Kyôto une technique qui va marquer l'avenir de Satsuma : le décor à l'or (kinrande, appris auprès de Kinkôzan Sôbei). Ces techniques sont appliquées sur des grès blancs de Satsuma, puis sur des porcelaines (comme à Arita).

Le développement international

Satsuma_zara

En 1867, le clan Shimazu participe indépendamment du Japon à l'Exposition de Paris, et y présente des céramiques de Satsuma et des porcelaines d'Arita, qui rencontrent un énorme succès en Occident et lancent la mode du japonisme. Les commandes à l'exportation affluent, et Satsuma devient d'un des plus importants centres de céramique d'exportation avec Arita. La plus grande partie de la production partant à l'étranger, le style de Satsuma n'aurant qu'une faible influence sur les autres styles japonais.

Alors que la porcelaine d'Arita était en grande partie expédiée du port d'Imari (qui a donné son nom à cette production), les grès de Satsuma transitent beaucoup par le port de Kobe. Des potiers s'implantent alors à Kobe, puis à Yokohama, pour y produire des pièces de style Satsuma mais fabriquées localement. Kyôto se met à son tour à produire des imitations destinées à l'export, qui prennent le nom de KyôSatsuma.

Aujourd'hui

La production actuelle regroupe un très grand nombre de techniques, avec des potiers implantés un peu partout dans la préfecture de Kagoshima et ailleurs au Japon. Parmi cette production, on distinguera bien sur Satsuma noir, Satsuma blanc et porcelaine, mais aussi six traditions propres aux principaux fours : Katano, Ryumonji, Naeshirogawa, Nishi-mochida, Hirasa, et Tanegashima. Il y a actuellement plus de 200 ateliers de potier en activité dans ce style, employant plus de 450 personnes.

Parmi les artistes les plus connus dans le style Satsuma (à Kagoshima ou ailleurs), on retrouve : Yabu Meizan (Ôsaka), Kinkozan Sôbei (Kyôto), Ryôzan (Kyôto), Taizan (Kyôto), Sôzan, Matsumoto Hôzan, Kôzan, Shizan, Chosyuzan, Yôzan...

Le style

Satsuma_kinrande_chawan
Bol à thé
Style Satsuma kinrande
© Seiyoucha 2007

Le style Satsuma blanc est caractérisé par :

  • sa couleur coquille d'oeuf avec une glaçure transparente craquelée ;
  • sa terre très fine, donnant un grès compact ;
  • son décor très précis mais aussi très chargé, utilisant presque systématiquement l'or en grande quantité. Il associe des formes géométriques abstraites et des illustrations réalistes (fleurs, oiseaux) en motifs ou en scéne réaliste, utilisant couramment la figure humaine dans un style proche de celui des estampes.
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Seiyoucha
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